UBS lance une révolution culturelle
Soumise à la nécessité de bénéficier du plan de sauvetage fédéral, UBS annonce une réforme profonde de son système de rémunérations et donne à ses actionnaires voix au chapitre. L'amorce d'une révolution culturelle à la bourse suisse?
La création d’un système de malus a frappé les esprits. Désormais, les bonus seront bloqués trois ans avant d’être versés et pourront durant ce laps de temps être réduits et même annulés lorsque les résultats obtenus ne sont pas durables.
Un conseil d’administration au-dessus de la mêlée
Mesure plus révolutionnaire encore, aucun membre du conseil d’administration n’aura plus droit à des bonus, quelle que soit la marche des affaires. Ainsi affranchi d’incitations opérationnelles, cet organe pourra enfin jouer son rôle de stratège et de modérateur à long terme, en véritable représentant des actionnaires. Il s’agit d’un changement de philosophie dont les implications ne sont pas à sous-estimer.
La parole aux actionnaires
Les actionnaires auront également un rôle plus actif à jouer. S’inspirant des recommandations d’Economiesuisse, l’assemblée générale se prononcera désormais de manière consultative sur le système de rémunérations. Sans une modification du droit en vigueur, qui pourrait être apportée par le Parlement ou par l’initiative «Contre les rémunérations abusives», un vote contraignant n’est pas possible.
Des questions en suspens
Une action légale d’UBS elle-même contre ses anciens dirigeants restait possible au moment de sa quatrième assemblée générale de l’année 2008. Le rapport publié le 16 octobre par la Commission fédérale des banques affirme, au paragraphe 25, que l’appréciation incorrecte des risques ainsi que leur surveillance et limitation lacunaires représentent une omission grave et doivent être considérées comme une violation de l’exigence d’une activité irréprochable stipulée par la législation bancaire. Les conséquences de ce constat ne peuvent pas se limiter au remboursement volontaire d’une petite part des bonus indûment perçus. Et la responsabilité financière des agences de notations, qui ont classé comme sans risque les investissements devenus invendables, ne doit en aucun cas tomber dans l’oubli.